13, avril 2023

« Quel est votre plus grand échec ? » : comment répondre en entretien

Lors d’un entretien de recrutement, le candidat et le recruteur n’ont qu’une idée en tête : découvrir leur interlocuteur. S’assurer réciproquement qu’il y a un réel intérêt partagé pour envisager une collaboration. Intérêt partagé qui va se construire au fil de l’entretien. Via un jeu de questions et réponses sur différents sujets, plus ou moins directement en rapport avec la fonction envisagée.

Cependant, tous les sujets ne sont pas abordés de la même manière, en particulier ce qui relève de la découverte de la personnalité du candidat : ses qualités, ses défauts, comment est-il perçu ou décrit par ses pairs, par ses
collègues, par ses subordonnées. Quel est son plus grand échec ? Comment réagit-il face à l’adversité ou l’échec ?

Questions incontournables et inévitables qui ne relèvent pas de l’inquisition : en amour comme en affaire, il est toujours préférable de savoir à qui l’on a affaire. Les candidats n’étant pas des robots, le candidat idéal-parfait n’apparaissant jamais, il n’y a pas non plus de réponses parfaites.
Nous avons tous vécus ces moments inévitables lors d’un entretien : certains mieux que d’autres. Pourquoi ?

Certes, il n’y aura jamais de réponse parfaite : il y a surtout une ligne de réponse dont le candidat ne doit jamais s’écarter. Elle tient en trois lettres : C-R-S.

Convaincre, Rassurer, Séduire.

Convaincre mon client que j’ai compris son besoin : les difficultés et les enjeux attachés à la mission qu’il me propose.

Rassurer mon client, via des réalisations en rapport avec son besoin : ce sont mes missions de référence.

Enfin le Séduire, lui donner envie d’avoir envie… de travailler avec moi.
Les trois sont liés et dans cet ordre (C-R-S) pour mettre en lumière tous mes atouts afin de parvenir en finale : être retenu dans la « short-list », mon ultime objectif. Faute d’être finaliste, la mission m’échappera.

Sur la question de l’échec, question incontournable, le candidat n’a pas le choix. Il doit répondre : sans se défiler, et sans ruiner son accès au rang de finaliste (« short-listé »), ne pas citer d’échec « fatal ».

Après une trentaine d’années dans les métiers des Ressources humaines (RRH/DRH, Chasseur de Têtes, Conseil en Outplacement, Formation aux Techniques de Recherche d’Emploi), je résumerai la démarche de réponse en trois verbes : PréparerIllustrerRebondir. Afin de convaincre, rassurer et séduire.

Préparer : être prêt à répondre à cette question de votre plus grand échec.

Tout candidat sait, a priori s’il prétend à des postes de responsabilités, que ce sujet de l’échec va être abordé. Il est toujours navrant pour le recruteur de faire deux constats, confronté à deux situations possibles.

Le candidat hyper-préparé. L’encre de la question à peine sèche, il envoie une réponse disant que l’échec n’a jamais été un problème. Qu’il a connu des échecs (sans forcément les citer), qu’il en connaîtra d’autres. Ainsi va la
vie et que la qualité d’un manager est de savoir s’adapter.

Le recruteur va sans doute percevoir une volonté de convaincre. De là à ce qu’il soit rassuré et séduit par un tel discours…

Le candidat décontenancé. Il va tenter une amorce de réponse, bredouiller, tout en réfléchissant à ce qu’il pourrait trouver comme échec. Il est loin du registre C-R-S.

Dans ces deux situations, le recruteur n’obtient pas de réponse satisfaisante. La perspective de finale s’éloigne pour le candidat.

Mon conseil : nous avons tous connus des échecs. Et de notre fait. Il ne faut pas les nier, il faut les reconnaître.

Lorsque je suis en recherche d’emploi, je dois au préalable dresser un inventaire de tous mes échecs. À travers toutes les fonctions que j’ai occupées et les missions qui m’ont été confiées.

Tout en étayant cette démarche de chiffres, de faits, de délais, bref du concret.
À chaque entretien, je pourrai puiser dans ce stock d’échecs pour citer un échec en rapport avec la mission/fonction proposée, sans que cela soit rédhibitoire.

Illustrer l’échec : une force est en nous

Parler d’un échec à une personne qui ne nous ne connaît pas, qui nous découvre, qui nous envisage comme futur collaborateur… Comment convaincre, rassurer et séduire ?

Rien de pire qu’un candidat qui raconte en détails un projet de plusieurs années, pour dire au recruteur, après au moins après 10 minutes de parole, que finalement l’échec du projet n’est pas de son fait. Votre interlocuteur n’est pas là pour juger, ou apprécier l’ampleur de l’échec. Il n’était pas présent, ni dans les tenant et aboutissant. Et il n’ira pas vérifier vos dires sur ses moteurs de recherche favoris.

Illustrez… mais ne mentez jamais. Montrez-vous responsable de la part de l’échec qui vous incombe, sans jamais rejeter celle-ci sur des facteurs externes (« la faute à pas de chance », les collègues qui n’ont pas fait leur boulot, la
météo, les retards de train, etc.). Choisissez dans votre parcours un échec, en rapport avec la mission proposée.
Illustrez votre échec !!

Un seul outil, le STAR système : Situation-Target (objectif)-Actions-Résultat
En moins de deux minutes vous aurez ainsi présenté à votre interlocuteur une mission associée à un échec.

La magie de l’illustration en moins de deux minutes ?

Votre interlocuteur vous écoutera… jusqu’à la fin de l’histoire. Et retiendra… ce que vous aurez mis en avant.

Illustrations :

  • Un collaborateur qui ne donne pas suite à sa période d’essai : 4 mois de travail perdu (entretiens, recrutement, intégration) et au moins 4 mois de boulot en perspective pour recruter son remplaçant. Ma responsabilité est en cause.
  • Responsable commercial d’une zone, je n’atteins pas les objectifs fixés pour l’année.

Dans ces deux situations, au-delà du constat, qu’ai-je fait ? Comment ai-je réagi ou adapté mes pratiques et outils professionnels ?

Rebondir

L’échec se définit par la non-réussite. Ou ne pas atteindre les objectifs qui m’ont été fixés ou que je me suis fixés.

L’échec n’est jamais définitif, ni marqué à tout jamais comme une infamie.
Relisons le monde des affaires, il n’y aucune grande réussite… sans échec préalable.

Regardons le jeu d’échec, d’origine persane, dont la finalité est sur la table, mort au roi (échec et mat). Tous les jours, un joueur peut être le roi mort ou le roi vainqueur, et vice versa. Tous les jours il y aura des joueurs… qui
seront un jour vainqueurs grâce à leurs échecs.

Qu’apprenons-nous de nos échecs dans ce monde professionnel ?

C’est cela qui va intéresser mon interlocuteur-recruteur. Il ne recherche pas la perfection. Tout juste des candidats humbles et compétents qui répondent à ses besoins. Des candidats qui sauront illustrer leurs échecs pour mettre en valeur ce qu’ils en ont retirés.

En conclusion, sur toutes ces questions (échecs, succès, qualités, défauts) rien ne sert d’être mal à l’aise. De les éluder par des pirouettes oratoires (très en vogue dans les années 90).

Pour convaincre, rassurer et séduire, il est indispensable de préparer, illustrer, et rebondir.

 

— Xavier Perleaux

Coach Yapuka depuis 2021, Xavier est un expert des Ressources Humaines. Avec plus de 40 ans d’expérience dans le domaine, Xavier a travaillé pour des grands groupes comme Thales, Capgemini ou encore DHL, faisant de lui un expert des process de recrutement.


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